Australian open 2018 : les vrais gagnants et perdants



Nous connaissons les résultats de l’Australian open, mais au-delà des sportifs qui ont brandi le trophée, quels sont ceux qui ont eu le parcours le plus remarquable par rapport à ce que l’on attendait d’eux ? Qui a vu son niveau absolu progresser le plus?
Inversement, qui a raté son tournoi et qui a simplement « fait le travail » sans progresser véritablement ?
Les mesures de niveau Elo permettent de répondre à cette question, pour les hommes et pour les femmes que nous traiterons séparément.


Hommes


Les meilleures performances :



joueur
Niveau Elo début
Niveau Elo fin
variation
Sandgren
1 402,4
1 495,4
93,0
Chung
1 625,0
1 700,2
75,2
Marterer
1 256,3
1 324,0
67,6
Fucsovics
1 420,4
1 482,4
62,0
Berdych
1 677,2
1 737,3
60,1
McDonald
955,9
1 005,0
49,1

Vous vous en doutiez certainement, la meilleure performance masculine est celle de Tennys Sandgren, parvenu en quart de finale après avoir écarté entre autres Wawrinka et Thiem. Très beau parcours, donc, même si Thiem est loin d’être une vedette sur surface dure.
En seconde position on trouve Chung qui est peut-être reparti pour une deuxième phase d’évolution. Son tableau de chasse est impressionnant : A. Zverev, Djokovic et … Sandgren. Même sa très honorable défaite en demi-finale contre Federer lui permet de progresser de quelques points.
Signalons encore que Berdych a cessé de dégringoler pour récupérer un niveau Elo un peu plus proche de ses performances habituelles.

Les plus fortes régressions :



joueur
Niveau Elo début
Niveau Elo fin
variation
Ymer
1 180,3
1 151,2
-29,1
Raonic
1 690,5
1 661,3
-29,2
Bautista Agut
1 772,1
1 742,6
-29,5
Isner
1 661,3
1 630,5
-30,8
Haase
1 603,2
1 571,7
-31,5
del Potro
1 815,6
1 784,0
-31,6
Stebe
1 475,0
1 436,0
-39,0
Wawrinka
1 733,4
1 678,9
-54,5


Wawrinka et Raonic ne sont clairement pas encore en état de participer aux compétitions. Prenons patience.
Bautista Agut poursuit sa mauvaise passe de fin d’année dernière et del Potro m’a fortement déçu dans ce tournoi. Espérons que c’est un accident et pas une nouvelle alarme de santé. Il est vrai qu’il a perdu contre Berdych qui n’est pas précisément le plus mauvais joueur du monde sur dur.
Isner me semble s’enfoncer dans un déclin irréversible, mais je peux me tromper !

Et les autres stars ?


Par définition, les autres joueurs vedettes ont « fait le travail » sans surprise particulière comme le montre ce tableau rassemblant les mieux classés :


joueur
Niveau Elo début
Niveau Elo fin
variation
Nadal
2 090,4
2 113,7
23,4
Cilic
1 797,1
1 812,6
15,5
Kyrgios
1 779,7
1 788,8
9,1
Federer
2 047,8
2 052,3
4,6
Goffin
1 669,8
1 673,3
3,5
Zverev A.
1 747,3
1 741,5
-5,8
Dimitrov
1 754,9
1 746,1
-8,8
Thiem
1 699,7
1 689,6
-10,1
Djokovic
1 975,6
1 963,4
-12,2
Ferrer
1 626,4
1 608,0
-18,4
Sock
1 612,7
1 590,1
-22,5

Nadal progresse encore un petit peu, confirmant s’il en était besoin son retour au plus haut niveau, y compris sur des surfaces qui lui sont moins favorables.
Ajoutons quelques mots sur Federer, d’abord pour rappeler à mes lecteurs peu familiers avec le système Elo qu’il n’est pas anormal que le vainqueur du tournoi n’augmente pas son score Elo. En effet, Federer n’a rencontré que des joueurs moins forts que lui dans ce système. Il a gagné contre moins fort que lui, il n’a pas démérité, mais c’est juste « normal » (le système Elo se moque bien du fait qu’il a 36 ans et considère froidement son seul niveau !). La seconde remarque à son sujet consiste à remarquer que sur chacun de ses matches, son niveau Elo n’a jamais varié de plus de 5 points, autant dire rien. C’est à peine croyable, mais cela veut dire en clair que non seulement il a gagné, mais qu’il a gagné à chaque fois en remportant presque exactement le nombre de jeux attendu par le modèle mathématique que j’utilise. Cela doit être ce que l’on appelle la précision suisse …
Ferrer poursuit lentement son déclin qui semble maintenant inéluctable et Sock confirme simplement son niveau habituel qui n’avait pas été profondément modifié lors de sa victoire inattendue de Bercy.

Et les français ?


Nous n’avons pas vu les français dans les catégories précédentes, il faut donc s ‘attendre à une prestation en demi-teinte, comme le confirme ce tableau :


joueur
Niveau Elo début
Niveau Elo fin
variation
Gasquet
1 694,1
1 710,3
16,2
Simon
1 593,4
1 600,7
7,3
Benneteau
1 630,6
1 629,1
-1,5
Tsonga
1 714,6
1 712,2
-2,4
Halys
1 371,7
1 369,3
-2,4
Mannarino
1 652,8
1 647,3
-5,5
Herbert
1 414,5
1 408,5
-6,0
Monfils
1 701,3
1 693,9
-7,5
Moutet
1 486,0
1 476,0
-10,0
Paire
1 520,8
1 504,1
-16,7
Pouille
1 670,8
1 650,4
-20,3
Chardy
1 498,6
1 477,3
-21,3

Bien sûr, on peut se consoler avec le verre à moitié plein en se disant qu’il n’y a pas eu de catastrophe. Mais compte tenu de la baisse de niveau Elo des français en 2017, j’aurais apprécié un sursaut de plusieurs d’entre eux.



Femmes

Les meilleures performances



joueuse
Niveau Elo début
Niveau Elo fin
variation
Kerber
1 804,0
1 901,9
98,0
Mertens
1 703,2
1 801,1
97,9
Hsieh
1 487,4
1 574,1
86,7
Kostyuck
1 162,0
1 245,9
83,9
Davis
1 427,5
1 489,2
61,7
Allertova
1 469,1
1 527,2
58,1
Kumkhum
1 455,5
1 503,1
47,6
Duan
1 430,9
1 477,7
46,7
Wozniacki
1 966,2
2 012,9
46,7
Sasnovich
1 597,7
1 642,7
45,0
Osaka
1 590,8
1 632,8
42,0

Kerber signe donc la meilleure performance du tournoi, en particulier grâce à ses victoires contre Sharapova et Keys. Elle a perdu contre Halep, mais a fait le match prédit par le modèle Elo.
Grâce à ce bon parcours, elle a refait une bonne partie du retard qu’elle avait accumulé sur les les meilleures en 2017.
Elise Mertens continue sa progression et se positionne maintenant à la 11è place du classement Elo, certes assez loin dans l’absolu des meilleures. Je pense qu’elle jouera régulièrement les trouble-fêtes cette année.

Parlons tout de même de la vainqueure ; Caroline Wozniacki confirme sa belle forme de la fin de 2017, progresse notablement et, évidemment, a le plaisir de tenir enfin un trophée de tournoi de GC. Pas de performance particulièrement notable dans ce tournoi, mais une belle constance qui a vu son niveau Elo progresser à chaque round (c’est-à-dire qu’elle a gagné un peu plus facilement qu’attendu à chaque match).

Signalons enfin que Keys et Kanepi font partie des belles progressions, juste derrière celles listées dans le tableau ci-dessus.

Les plus fortes régressions :



joueuse
Niveau Elo début
Niveau Elo fin
variation
Williams V.
1 829,3
1 799,4
-29,9
Parmentier
1 528,7
1 498,7
-30,0
Hogenkamp
1 463,1
1 433,1
-30,0
Radwanska A.
1 752,2
1 720,0
-32,3
Cibulkova
1 741,4
1 706,4
-35,0
Tomova
1 459,0
1 423,3
-35,7
Pavlyuchenkova
1 742,6
1 705,6
-37,0
Goerges
1 892,1
1 849,9
-42,2
Duque Marino
1 486,0
1 443,6
-42,3
Muguruza Blanco
1 999,2
1 946,8
-52,4
Peng
1 745,7
1 668,7
-77,0

Je ne sais pas ce qui arrive à Shuai Peng qui enchaîne les contre-performances. Si c’est l’âge qui commence à se faire sentir, c’est bien triste. Elle signe de loin la pire régression du tournoi. Muguruza a clairement raté son tournoi, mais elle est coutumière de ce genre d’accident et me semble tout de même globalement sur une pente ascendante.
Beaucoup plus inquiétant est la nouvelle régression de Radwanska qui n’est pas encore parvenue à reprendre le dessus après une saison 2017 cataclysmique.
Deux joueuses cycliques – Cibulkova et Pavlyuchenkova - poursuivent une baisse dont rien n’indique qu’elle ne va pas être suivi d’une n-ième renaissance. Nous nous inquiéterons donc à une autre occasion.
Goerges subit une correction dans son ascension, comme cela arrive aux cours de bourse quand ils ont dépassé leur niveau d’équilibre. Cela me paraît plutôt sain.
Enfin, Pauline Parmentier a régressé, mais tombe à un niveau qui est malheureusement dans sa bonne moyenne.

Les autres vedettes


joueuse
Niveau Elo début
Niveau Elo fin
variation
Halep
2 042,8
2 070,3
27,5
Pliskova Ka.
1 933,6
1 949,9
16,3
Ostapenko
1 721,0
1 731,1
10,2
Stephens
1 695,6
1 693,9
-1,7
Konta
1 772,6
1 754,5
-18,1
Svitolina
2 053,9
2 033,5
-20,4
Sharapova
1 984,4
1 964,0
-20,4
Kvitova
1 820,3
1 792,3
-28,1

Halep est certainement très déçue de ne pas avoir accédé à son premier trophée dans un tournoi du Grand Chelem. Elle pourra se consoler en constatant qu’elle a encore augmenté son niveau déjà excellent. Elle est maintenant n° 1 au classement Elo parmi les joueuses réellement actives (c’est-à-dire en excluant S. Williams et Azarenka).
On peut s’étonner que les parcours modestes d’Ostapenko et de Stephens ne les fasse pas régresser. C’est une consqéquence directe de la supériorité du classement Elo par rapport au classement officiel. En effet, ces 2 joueuses sont des vainqueures de circonstance de RG et de l’US open – cela ne veut pas dire qu’elle ne le méritaient pas - , et leur niveau Elo n’a que faiblement augmenté lors de ces victoires. Elles se retrouvent ainsi aux alentours de la 30è place dans le classement et leur élimination assez précoce n’est donc pas une surprise.
On pouvait espérer que la reconstruction de Sharapova et de Kvitova était terminée, ce n’est manifestement pas le cas. Attendons …
Enfin, Svitolina ressent toujours un blocage psychologique en GC. Elle compense par de bons résultats dans les autres tournois, mais devra résoudre ce problème si elle veut accéder au sommet de la hiérarchie.

Et les françaises ?



joueuse
Niveau Elo début
Niveau Elo fin
variation
Cornet
1 633,8
1 665,6
31,7
Dodin
1 515,7
1 506,6
-9,1
Garcia
1 919,6
1 902,6
-16,9
Mladenovic
1 543,6
1 523,0
-20,6


Nous avons déjà parlé de Parmentier.
Cornet a fait un bon tournoi, tandis que Garcia régresse légèrement mais sans inquiéter. Pour sa part, Mladenovic continue à régresser.


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