2017 - fallait-il jouer les favoris ?

Il est tentant de se dire que prévoir le résultat d'un match de tennis est finalement très simple, les « stars » gagnant presque systématiquement contre les autres joueurs, et qu'il suffit d 'éviter les affrontements entre joueurs qui sont apparemment de la même force pour gagner de l'argent sur un pari sportif.

Est-ce si simple ? Nous allons voir cela pour 2017.

On rappelle que le vocabulaire de favori, d'outsider est défini ici.

Comme pour tous les articles de ce type, les résultats sont obtenus à partir de cotes observées sur une sélection de bookmakers internationaux et sur un site de betting exchange. Ces notions sont rappelées ici.


Chez les hommes :


Les favoris se sont montrées globalement beaucoup moins fiables qu'en 2016 : 70,5 % de victoires (hors abandons) au lieu de 74,0 %. Cette baisse est largement supérieure à celle que l'on constate chez les femmes.

Le tableau ci-dessous détaille les statistiques de succès par classification des favoris :

Pourcentage de succès des favorites
2016
2017
Hyper-favoris (plus de 80 % de chances de succès)
89,2%
87,6 %
« nettement » favoris (entre 2 chances sur 3 et 80%)
74,9 %
74,2 %
« faiblement » favoris (entre 55 % et 2 chances sur 3)
63,0 %
58 ,2 %

La baisse du ratio pour les hyper-favoris s'explique pour une large part par les résultats en baisse de Djokovic et de Murray cette année.
La chute du pourcentage de succès des joueurs faiblement favoris est sans précédent. C'est de plus le plus faible ratio depuis 2005, première année de mes statistiques complètes sur ce point.

Chez les femmes :


Les favorites se sont montrées globalement un peu moins fiables qu'en 2016 : 69,9 % de victoires (hors abandons) au lieu de 71,4 %. Cette baisse est toutefois bien inférieure à celle que l'on constate chez les hommes.

Le tableau ci-dessous détaille les statistiques de succès par classification des favorites :

Pourcentage de succès des favorites
2016
2017
Hyper-favorites (plus de 80 % de chances de succès)
86,7 %
88,5 %
« nettement » favorites (entre 2 chances sur 3 et 80%)
75,9 %
74,1 %
« faiblement » favorites (entre 55 % et 2 chances sur 3)
61,4 %
61,9 %

Il n'y a donc pas d'érosion marquée de la domination des favorites, et notamment des « hyper-favorites » qui renforcent leur domination, contrairement à une idée reçue. La WTA n'est donc pas « imprévisible » comme on l'entend souvent. Par contre, la mondialisation du tennis et la plus grande professionnalisation des joueuses rendent un peu plus proches les une des autres les joueuses du « peloton ».


Si vous aviez parié


Ces pourcentages correspondent à votre taux de succès si vous pronostiquez systématiquement le favori sur des sites où on vous demande juste de trouver le vainqueur d'un match. Mais qu'en est-il si vous jouez ces favoris sur les sites de paris sportifs ?

Méthodologie : comme partout sur ce blog :
- on se base sur des mises conventionnelles de 100 € par match avec un favori déterminé
- on ne parie pas sur ceux où il n'y a pas de favori.
- les abandons sont réputés conduire au remboursement des mises (c'est rarement le cas!)
- on se base sur une sélection de bookmakers internationaux. Attention, la plupart d'entre eux ne sont pas agréés en France. Statistiquement, les bookmakers agréés en France proposent des cotes moins intéressantes et donc des gains moindres.
- le site de betting exchange pris en référence est le leader du marché. Attention, les résidents français n'ont pas le droit de parier sur ce site.

Résultats chez les hommes :


Type de site
Mises engagées
Gain ou perte
Rendement
Bookmakers 227 000 - 15 917 - 7,0 %
Betting exchange 224 900 -   8 406 - 3,7 %

C'est de très loin le pire bilan depuis le début de mes statistiques (2005 pour les bookmakers et 2008 pour le betting exchange)

Résultats chez les femmes :


Type de site
Mises engagées
Gain ou perte
Rendement
Bookmakers 202 500 - 8 679 - 4,3 %
Betting exchange 205 200 - 4 938 - 2,4 %

Ces résultats sont du même ordre de grandeur que l'année précédente.


Globalement pour les deux sexes, ce n'est évidemment pas brillant (quand je vous dis que je ne vous incite pas à parier!)
Pour les bookmakers, tout est logique : ils ont bien fait leur travail …

On notera que ces résultats représentent une nette dégradation chez les hommes par rapport aux années précédentes.

En face de tels résultats, puisque jouer les favoris fait perdre de l'argent, on peut se poser la question de l'intérêt de jouer au contraire les outsiders. Voyons les résultats pour cette option :

Résultats chez les hommes :


Type de site
Mises engagées
Gain ou perte
Rendement
Bookmakers 227 000 - 12 465 - 5,5 %
Betting exchange 224 900 +  4 453 + 2,0 %

Avec les bookmakers, on voit que l'on est encore perdant. C'est habituel et nettement moins pire que les années précédentes. En betting exchange, c'est la première fois que l'on dégage un bénéfice annuel en pariant sur les outsiders. Ce résultat nouveau est à considérer avec beaucoup de précautions, il n'est bien sûr absolument pas certain qu'il se reproduise l'année prochaine.

Résultats chez les femmes :


Type de site
Mises engagées
Gain ou perte
Rendement
Bookmakers 202 500 - 21 633 - 10,7 %
Betting exchange 205 200 - 11 942 -   5,8 %

Je n'ai pas encore publié les résultats historiques, mais sachez que miser systématiquement sur les outsiders conduit toujours à des pertes. Les résultats de 2017 sont donc conformes à cette tendance.


Bon, je pense que tout le monde est maintenant convaincu que :
1) parier, cela peut être dangereux pour son budget,
2) suivre une stratégie très simple comme parier systématiquement sur les favoris ou sur les outsiders est une idée particulièrement mauvaise.

D'où l'intérêt de trouver des logiques plus efficaces pour les personnes intéressées par les paris. Ce sera l'objet de prochains articles !



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